Replay "Prévenir, promouvoir et accompagner la santé mentale des enfants et des jeunes des QPV"

Le second webinaire du cycle 2025 « Enjeu de santé mentale dans les QPV » a porté sur la thématique de la santé mentale des enfants et des jeunes résidents en quartier politique de la ville.

En propos introductifs, Promotion Santé Occitanie (représentée par Mme BENOIT-VIGNOLE Cécile, Coordinatrice Régionale, Référente régionale Compétences Psychosociales) a présenté les Compétences Psychosociales, qui sont un outil clé et reconnu pour renforcer la santé mentale à tous les âges de la vie. Renforcer ces compétences dès le plus jeune âge contribue à favoriser le bien-être mental, physique et social, la réussite éducative, l’insertion professionnelle, et à prévenir des comportements défavorables à la santé.

Les Compétences Psychosociales font l’objet d’une stratégie interministérielle : la stratégie nationale pour le développement des compétences psychosociales des enfants et des jeunes – 2022-2037. L’ambition de stratégie est de permettre à tous les enfants de développer leurs compétences psychosociales dès le plus jeune âge, pendant toute leur croissance et dans tous les milieux de vie.

L’ARSAgence régionale de santé
https://www.occitanie.ars.san... Occitanie, représentée par Mme STASSE Magali, chargée de programme santé des jeunes (0-25 ans), a présenté le pilotage régional de cette stratégie interministérielle.

Retrouvez la présentation de Promotion Santé Occitanie et de l’ARSAgence régionale de santé
https://www.occitanie.ars.san... Occitanie.

La seconde partie du webinaire a été consacrée aux témoignages sur deux territoires, celui de Nîmes (Gard) et Montauban (Tarn-et-Garonne).

Mme GARRIGOU Lucie, coordinatrice de la Cité Educative de Nîmes, a présenté ce dispositif politique de la ville qui offre un cadre de coopération stratégique pour les acteurs éducatifs en faveur des élèves des établissements d’éducation prioritaires faisant partis de la Cité Educative. Sur le territoire nîmois, le label « cité éducative » a été reconduit en 2024 sur le quartier prioritaire de la Ville Pissevin Valdegour et étendu aux QPVQuartier Politique de la Ville More du Chemin bas d’Avignon/Clos d’Orville et du Mas de Mingue.

Les Cités Educatives sont un dispositif notamment plébiscité par le national pour accompagner la santé mentale des élèves, comme il a été annoncé lors du Conseil Interministériel des Villes (CIVConseil interministériel des villes More) du 06 juin 2025, dédié à l’émancipation et à la protection de la jeunesse. Une des mesures afin de répondre aux problématiques croissantes de souffrance psychique des jeunes présentée lors du CIVConseil interministériel des villes More est de renforcer la prévention et la prise en charge des problématiques de santé mentale des jeunes via l’instauration d’un accueil psychologique dans les quartiers, en lien avec les cités éducatives et les programmes de réussite éducative existants.

Mme GARRIGOU Lucie a présenté le second axe du projet local de la Cité Educative de Nîmes dédié à la santé mentale, intitulé « Promouvoir la santé mentale ». Trois projets sont notamment développés au sein de cet axe :

Formation de référents santé mentale dans les QPV

Groupe de parole au sein des collèges

Créneaux de permanence pour assurer un suivi thérapeutique gratuit pour les jeunes des QPVQuartier Politique de la Ville More.

Consulter le dossier de presse 2024 de la Cité Educative de Nîmes.

Par la suite, M. RIGOULOT Philippe, directeur de la Maison des Adolescents (MDA) du Gard, est intervenu pour présenter l’approche de cette structure qui offre un lieu d’accueil pour les jeunes (de 11 à 25 ans) et est souvent mentionné comme un acteur clé dans l’accompagnement à la santé mentale des jeunes. La MDA a pour mission de répondre aux questions que se posent les adolescents : relations aux autres, mal-être, corps, puberté, sexualité, consommation de drogues, violence, prise de risques… L’idée est d’aider les jeunes et leur entourage sur tous les sujets qui préoccupent cette tranche d’âge. Les accompagnements sont anonymes, gratuits et sans rendez-vous.

Les Maisons des Adolescents sont situées sur la ville du département avec un ancrage en centre-ville, point de convergence. De fait, les quartiers prioritaires situés en périphérie sont géographiquement exclus de l’accès à la Maison des Adolescents. Un constat partagé est que les jeunes résidents des quartiers politique de la ville ont peu recours aux Maisons des Adolescents, pour diverses raisons : éloignement géographique couplé à des difficultés de mobilité, résistance liée aux représentations sur la santé mentale etc … Une des stratégies de la MDA est donc d’aller se présenter en classe auprès des élèves afin de déstigmatiser le recours à la MDA, de proposer des actions de prévention dans les établissements scolaires.

M. RIGOULOT souligne l’importance d’une alliance avec les acteurs locaux de terrain qui sont implantés dans les quartiers et constituent un relai essentiel dans la construction et le maintien du lien de confiance auprès des populations résidents des quartiers politique de la ville. Ces acteurs locaux sont un maillon indispensable dans l’accès aux résidents des QPVQuartier Politique de la Ville More. Un maillage territorial fin et resserré est essentiel dans la mise en place d’actions de santé en politique de la ville.

M. RAIS Nasserdine, psychologue clinicien auprès de divers public résidents dans les QPVQuartier Politique de la Ville More de Nîmes et intervenant au sein de la MDA du Gard et de la Cité Educative de Nîmes a ensuite pris la parole pour nous partager son expérience auprès des jeunes des QPVQuartier Politique de la Ville More. M. RAIS a mis l’accent sur les déterminants de la santé mentale, tels que l’habitat, la fragmentation géographique et sociale qui est fortement ressentie par les jeunes, la précarité, qui engendrent violence et souffrance. Les jeunes évoquent régulièrement cette violence qu’ils vivent au quotidien, ainsi qu’un sentiment d’isolement et de solitude et une souffrance identitaire. Certains jeunes évoquent une incapacité à se situer comme citoyen au sein d’un environnement social qui les stigmatise et les rejette. Il y a un constat fort de « mal-être dans la cité ». M. RAIS a mis en avant le potentiel de cette jeunesse, son talent, son énergie, sa créativité, qu’il faut valoriser en leur offrant des espaces d’écoute et une reconnaissance. Il faut se donner les moyens d’accéder à la santé mentale des jeunes en allant vers-eux, en les laissant s’exprimer et en les écoutant réellement au sein d’espaces bienveillants pensés pour recueillir leur parole. La création d’un fort lien de confiance et d’une alliance avec les jeunes est indispensable pour accompagner au mieux leur santé mentale. M. RAIS souligne l’importance d’une dynamique locale positive via des réseaux, un tissu associatif, un maillage territorial fin au plus près de ces jeunes.

Enfin, Mme BATAILLER Lise, chargée de développement pour les Francas du Tarn-et-Garonne, association d’éducation populaire, a présenté le projet des « Loisirs nomades », des animations hebdomadaires en bas d’immeuble dans les quartiers politique de la ville de Montauban (accès aux loisirs, lien social, expression et orientation). Avec un financement de la CPAM de Tarn-et-Garonne, un projet de prévention santé est mis en place pendant les créneaux de Loisirs Nomades (actions de sensibilisation, prévention et dépistage autour de 8 thématiques, dont la santé mentale). La santé mentale est une thématique évoquée mensuellement tout au long de 2025. L’objectif est d’ouvrir la parole à ce sujet avec les habitants, de permettre un changement de regard, une conscientisation, partager des ressources et proposer une orientation. Des personnels du Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ) peuvent par exemple se rendre sur ces créneaux de loisirs nomades afin de se présenter et rencontrer les habitants. Ce projet santé illustre comment il est possible de s’appuyer sur une initiative déjà implantée dans un quartier prioritaire et bien ancrée auprès des habitants, pour y intégrer une dimension de santé mentale. Cela répond au besoin précédemment évoqué par les intervenants, celui de mobiliser les ressources locales existantes, en lien direct avec les habitants, afin de favoriser la création d’un lien de confiance et de renforcer un maillage territorial fin, propice à un accompagnement pertinent des enjeux de santé mentale.